Fiction 183 by Collectif

Fiction 183 by Collectif

Auteur:Collectif [Collectif]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Fantastique, Nouvelles, Science Fiction
Éditeur: OPTA
Publié: 1969-03-14T23:00:00+00:00


Jérôme Bosch est presque seul dans le car qui emmène les passagers de première classe. Le car roule lentement, suit un itinéraire compliqué sur une immense surface de béton lisse que rien ne paraît baliser. Jérôme Bosch ne ressent rien, pas même la petite excitation qui accompagne tous les voyages. Il pense qu’on ne peut plus l’atteindre au téléphone, en quoi il se trompe. Il pense que plus personne n’essaiera d’influer sur sa conduite parce que cela n’a plus d’importance. Le car s’arrête. Jérôme Bosch descend du car qui repart chercher la fournée de passagers de seconde classe. Il gravit l’escalier mobile appliqué à l’avant de l’appareil. Il hésite en entrant dans la cabine de première classe. Il se hisse conduire jusqu’à un fauteuil, à côté d’un hublot, en avant des ailes. Il attache sa ceinture sous l’œil vigilant de l’hôtesse. Il entend du bruit, des raclements de pieds, derrière lui, les passagers de seconde classe qui s’installent. Il voit l’hôtesse se diriger vers le poste de pilotage, y disparaître un instant, revenir, décrocher le micro. Il l’entend souhaiter la bienvenue en trois langues, recommander l’extinction des cigarettes et la vérification des ceintures. Un panneau s’est allumé qui renouvelle ces instructions. On lui tend un panier empli de bonbons. Il en choisit un. Il sait qu’il s’agit d’un rite, que ces appareils sont pressurisés et que ses tympans ne le feront pas souffrir même s’il ne prend pas la peine de déglutir, que, d’ailleurs, il aura avalé le bonbon avant que l’avion ait fini de décoller. L’appareil roule. Il semble à Jérôme Bosch qu’il voit derrière la porte déjà lointaine du salon d’attente la haute silhouette élégante de Fred Hardy. L’avion s’immobilise. Les moteurs rugissent et, sans attendre, l’univers se rue en avant et colle Jérôme Bosch à son dossier. Il essaie de regarder par le hublot. L’appareil a quitté le sol. Un choc. Les roues sont rentrées dans leurs logements.

Jérôme Bosch se détend. Il n’arrivera rien. On lui tend un journal, celui du matin, et, machinalement, il l’ouvre à la page économique et ses yeux se portent sur la petite carte météorologique. Il le met de côté. Il ouvre la serviette, cherche et trouve la pipe, l’examine, qualité supérieure, la bourre, l’allume. On lui sert un whisky. Il vole au-dessus des nuages. Il se demande si des civilisations éphémères et minuscules se développent dans les replis de ces montagnes de brume. Il croit être en train d’oublier le téléphone. Il essaie d’imaginer Nassau. Il commence à découvrir qu’il est parti. Il prend possession de la cabine. Il fait fonctionner son fauteuil. Il s’interroge sur les probabilités respectives de ses deux avenirs. Il lui semble, mais il n’en est pas certain, que la voix de gauche, la voix ferme, assurée, Ibiza, Acapulco et Barbara, n’a pas cessé de s’éloigner, de devenir moins nette, de conversation en conversation, et l’autre plus présente. Question de lignes téléphoniques. On lui apporte à manger. On lui sert du champagne. Il regarde l’hôtesse qui sourit chaque fois qu’elle passe près de lui.



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